Érosion côtière au Togo:
Le duel continue au Togo. Touchés de plein fouet par l’érosion côtière, 13 villages du Togo sont montés au créneau en accusant le groupe de la Banque mondiale de leur malheur. Celle-ci avait en effet étudié et financé, à travers la Société financière internationale (SFI), la construction du Lomé Container Terminal (LCT) dont les travaux ont été enclenchés en 2012 par une société privée.
Ce terminal à conteneurs du port de Lomé, opérationnel depuis 2014, a pour vocation de desservir les ports secondaires de la sous-région. Objectif: réduire les temps d’acheminement des marchandises du port de Lomé, le seul port naturel en eau profonde de la sous-région, vers les pays de l’hinterland.
Coût du projet: 350 millions d’euros… et des dégâts environnementaux collatéraux. Selon un agent des Eaux et forêts au ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières, l’installation de ce terminal impliquait la construction d’un épi d’arrêt de sable d’environ 300 mètres qui favorise le dépôt de sédiments et donc l’agrandissement de la plage à l’ouest du port. Malheureusement, cette situation a entraîné un renforcement de l’érosion à l’est, donc sur les côtes de 13 villages dont leur collectif avait porté plainte en octobre 2016.
Les villageois accusent les initiateurs du projet qui ont réalisé l’étude d’impact environnemental d’avoir «manqué de prendre en compte l’érosion que le programme pourrait engendrer» et dont ils sont victimes. Il s’agit du groupe de la Banque mondiale et de sa structure SFI. Les populations exigent de ces derniers un dédommagement et un relogement pour les sans-abris.
Aujourd’hui c’est 6 autres communautés qui montent au créneau en déposant une 3ème plainte contre la même entreprise auprès de CAO le 20 août 2022. Il s’agit de Boboloè Kope, Agbe Kope, Tango, Agbetiko, Adissem et Goumou Kope.
Le 20 août 2022, le CAO a reçu une plainte d’une organisation non gouvernementale togolaise basée sur la communauté, appelée Collectif des personnes victimes d’érosion côtière, déposée en leur nom et au nom d’un groupe de membres de la communauté riveraine de six villages vivant dans les environs du port de Lomé, du terminal à conteneurs et de la digue de sable au Togo. Ces villages sont Boboloè Kope, Agbe Kope, Tango, Agbetiko, Adissem et Goumou Kope. Les plaignants sont soutenus par le Centre d’Information Bancaire (CIB).
La plainte soulève des préoccupations liées à l’impact de l’érosion côtière prétendument causée par la construction et l’exploitation du terminal à conteneurs, du port et de la digue de sable.
Les préoccupations des plaignants concernent (i) les dommages et la perte de biens ainsi que les effets du déplacement, (ii) la perte de moyens de subsistance et de terres, (iii) les dommages et la perte de sites sacrés, (iv) la division de la communauté et les préoccupations en matière de sécurité, et (v) la frustration générale à l’égard de la procédure CAO en cours dans l’affaire Togo LCT 01.
Le CAO a jugé la plainte recevable et a commencé à l’évaluer. Au cours du processus d’évaluation, les deux parties n’ont pas souhaité s’engager dans un processus de dialogue facilité par le CAO. Par conséquent, le dossier sera soumis à une évaluation de conformité2 qui déterminera si la plainte mérite une enquête de conformité ou si le CAO peut clore le dossier.
Le Bureau du conseiller-médiateur (CAO) est le mécanisme indépendant de responsabilisation de la Société financière internationale (SFI) et de l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), membres du Groupe de la Banque mondiale.
CAO s’efforce de faciliter la résolution des plaintes des personnes affectées par les projets de la SFI et de la MIGA de manière équitable, objective et constructive, d’améliorer les résultats environnementaux et sociaux des projets et de favoriser la responsabilité publique et l’apprentissage au sein de la SFI et de la MIGA. Le CAO rend compte directement aux conseils d’administration de la SFI et de la MIGA.
Selon une source, Mme Ninette Amorin, une des figures de la lutte des populations victimes de l’érosion, subirait des intimidations, menaces et pressions de tous ordres parce que cherchant à protéger par tous les moyens son terrain sur lequel elle érige un immeuble actuellement au niveau de Baguida.
Pour rappel, le littoral togolais est un important pôle de démographie et d’activités économiques au Togo, à lui seul 2,3 millions d’habitants. Sur le territoire, l’érosion côtière aura couté 213 millions $ au pays d’Afrique de l’Ouest, soit 4,4% de son PIB (en 2017). Dans le même temps, 70% des activités économiques du pays sont liées à sa façade maritime, et l’Etat en tire plus de 75% de ses recettes fiscales.
Notre correspondant: M. Nicolas KOUDOHAH, correspondant à Lomé, Tel : 00228 90 36 95 32
Votre Média: Groupe Média Afrique Environnement, 1ér Média Panafricain de l’Écologie.
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