RDC/Haut-Katanga: la pollution environnementale affecte la vie des populations de Lubumbashi.

Le problème de la pollution environnementale causée par les entreprises minières à Lubumbashi, ville située dans l’espace Grand Katanga au sud-est de la RDC, existe depuis une vingtaine d’années. Jusqu’à présent, la population affirme ne pas avoir obtenu gain de cause malgré ses revendications. Certaines de ces entreprises relâchent des déchets toxiques pendant la pluie, espérant que ces déchets seront emportés par l’eau, sans se soucier des impacts négatifs sur la santé des habitants. D’autres sociétés situées dans des zones résidentielles polluent les rivières où sont pratiquées des activités agricoles, affectant ainsi négativement les produits cultivés.

Concernant l’entreprise Ruashi Mining, implantée dans la commune du même nom (Ruashi), les habitants se plaignent d’une pollution constante de leur environnement, notamment de l’air, de l’eau, du sol et du sous-sol.

La vie des populations menacée

Guillome KALENGA est père de famille et habite à quelques mètres de l’entreprise Ruashi Mining. Il affirme être l’un des plus anciens résidents du quartier, avant même l’implantation de cette entreprise minière. Selon lui, il y a eu un déversement d’acide devant sa maison, et c’est la première fois qu’il en parle à la presse. Ce cas, survenu en 2013, a été également l’unique occasion où il a vu les responsables du service de l’environnement, qui n’ont malheureusement rien fait.

« L’unique fois où je les ai vus, c’est lorsqu’il y a eu un déversement d’acide devant ma porte en 2013. Faites en large diffusion, je n’ai jamais été dédommagé. Mes fleurs ne poussent plus correctement, elles fanent à cause de l’acide. Nous tombons malades à tout moment à cause des déchets toxiques des minerais. L’air que nous respirons est pollué. Nous mangeons et respirons la poussière », affirme-t-il.

Selon M. Guillome KALENGA cette poussière, associée à celle des minerais, a des conséquences sur la santé. « Nous subissons la poussière à hauteur de 10 mètres. Il y a un jeune homme qui a développé une forte toux et est décédé en moins de deux jours à cause de cette poussière sur la route Joseph Kabila, avenue par laquelle passent les gros camions de minerais vers Ruashi Mining », nous confia-t-il.

Des normes environnementales violées

En effet, la République Démocratique du Congo prône l’État de droit. La plupart de ces entreprises ont trouvé la population riveraine avant leur implantation, explique Maître John Kabuya, avocat au barreau de Lubumbashi et défenseur des droits humains.

« Nous avons déjà enregistré plusieurs cas d’entreprises qui polluent la terre, l’air, le sol et les cours d’eau. Nous avons constaté l’anarchie. Les normes environnementales à suivre avant l’implantation de toute entreprise sont loin d’être respectées. Le ministre de l’Environnement doit se pencher sur cette question pour délocaliser certaines sociétés, car dans les jours qui viennent, nous risquons de vivre des maladies liées aux produits toxiques des entreprises. La plupart des victimes n’ont pas les moyens de revendiquer leurs droits. Le pauvre est à la merci de ceux qui ont de l’argent. La justice est coûteuse, l’État doit s’impliquer », dit-il.

Interrogé sur cette problématique, Jonathan MULEDI, professeur à la faculté des sciences agronomiques, spécialiste en environnement et en gestion de la biodiversité et des forêts, pense que les autorités minières doivent respecter les conditions environnementales, le cahier des charges et le code minier en matière de pollution.

« Ces entreprises polluent les cours d’eau ainsi que leurs affluents miniers. Ce n’est pas bon, car ces rivières contiennent un nombre important d’espèces aquatiques et sont vraiment menacées. Le sol est pollué. Dans les cinq à dix ans qui suivent, il deviendra pauvre et impropre à l’agriculture sous toutes ses formes. Donc, tout ce qui est produit le long des rivières polluées, comme les cultures maraîchères, se fait dans des conditions non hygiéniques », s’inquiète-t-il.

La population meurt à petit feu. Selon ce spécialiste en santé et en gestion de la biodiversité, certains légumes contiennent des métaux lourds qui pénètrent dans la partie aérienne et sont consommés par la population.

« L’air est également pollué parce qu’avec les conditions atmosphériques, nous avons beaucoup de particules en suspension. Cela est particulièrement vrai dans les zones d’exploitation minière, surtout pendant cette saison sèche où le vent souffle. Tout le monde respire ces particules. Il y a véritablement un problème ; l’état de l’environnement dans le Haut-Katanga est préoccupant à cause de la pollution des écosystèmes aquatiques, des forêts et du sol. Les gaz à effet de serre sont émis chaque jour, » regrette ce professeur d’université.

La poussière des minerais est inhalée quotidiennement par la population. L’exploitation de ces minerais entraîne la production de déchets nocifs, impactant négativement la santé des riverains avec toutes les conséquences associées. Les populations environnantes subissent un calvaire à cause des odeurs nauséabondes ressenties chaque fois que les entreprises libèrent des fumées toxiques. Dans certains quartiers de Lubumbashi, chaque saison de pluie est une souffrance terrible ; les sociétés concernées libèrent des déchets, créant des maladies et des inondations. C’est le cas de la société CDM (Congo Dongfang Mining), située au quartier Kassapa dans la commune Annexe à Lubumbashi.

« Une fois, alors que la pluie devait tomber abondamment, l’entreprise a ouvert ses vannes. Ce jour-là, malgré la faible intensité de la pluie, il s’est formé une véritable rivière. Les gens ont dit : ‘Cette petite pluie ne pouvait pas produire autant d’eau. Les maisons étaient inondées, et nous avons compris que c’était l’entreprise qui en était responsable,’ » rapporte un riverain souhaitant rester anonyme.

Il est nécessaire que l’État intervienne. Plusieurs riverains déplorent l’absence de mécanismes de contrôle pour l’évacuation des rejets et demandent à être délocalisés. Le professeur Jonathan MULEDI souligne l’importance de la création d’une agence dont le fonds devrait être canalisé vers les opérations de restauration des paysages forestiers dégradés.

« L’État a créé le Fonds forestier national. Cette agence est chargée de collecter des fonds auprès des exploitants miniers, agricoles ou autres exploitants de ressources naturelles. L’objectif est que ce fonds soit réorienté vers la restauration des paysages forestiers dégradés. Pour l’instant, nous pouvons dire que cette agence est encore à un stade rudimentaire ou d’expérimentation. Nous nous inquiétons car, à terme, nous risquons de ne plus avoir de ressources naturelles dans un rayon de 300 km autour de Lubumbashi, ce qui est préoccupant. En tant que médias et nous, nous devons lancer l’alerte pour que les politiques comprennent la situation et agissent, » affirme-t-il.

Cette situation a créé plusieurs victimes dans l’espace Katanga, qui réclament des indemnisations et des réparations. Interrogée par l’Agence France-Presse (AFP), Elisa Kalasa, responsable du département social et communautaire de Ruashi Mining, a répondu par écrit que l’entreprise dispose d’un « département environnement qui prélève régulièrement des échantillons d’eau et d’air ». Elle a ajouté que Ruashi Mining « a amélioré l’eau pour la communauté en partenariat avec la Regideso ».

Dans leur rapport, les ONG reprochent à Ruashi Mining d’avoir « refusé de partager les informations » sur ses études environnementales avec « les communautés locales et le public ».

Sourcewww.afriquenvironnement.com
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