Allocution de Son Excellence M. WILLIAM SAMOEI RUTO, Président de Kenya à la tribune de l’ONU.

M. WILLIAM SAMOEI RUTO, Président du Kenya, a constaté que les conflits et les tensions s’étendaient désormais à toutes les régions, et s’est inquiété de la multiplication des récits polarisants, des guerres et de la course aux armements, notamment nucléaires. Évoquant les « traces dévastatrices » laissées par les conflits, de Gaza au Darfour, de l’Ukraine au Yémen, de l’est de la République démocratique du Congo au Soudan, de la région du Sahel à Haïti, il a noté que les changements climatiques les alimentaient souvent, en aggravant la pénurie de ressources et la concurrence pour les obtenir. Il s’est également dit préoccupé par l’usage croissant de la désinformation et la manipulation, facilitées par les médias sociaux, qui menace davantage les démocraties en sapant la confiance du public et l’intégrité des processus démocratiques.

« Les États choisissent de plus en plus l’unilatéralisme et la militarisation plutôt que le dialogue et la diplomatie », a regretté le Président, ajoutant que la mentalité du « eux contre nous » avait généré des coalitions négatives, une escalade des tensions et une érosion de la confiance dans le système multilatéral. Il a rappelé la participation de son pays à la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie, et s’est dit fier que la Somalie rejoigne bientôt le Conseil de sécurité en tant que membre non permanent. Il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2719 (2023) du Conseil de sécurité, qui établit un cadre pour le financement des opérations d’appui à la paix de l’Union africaine. Il a rappelé qu’à la demande des dirigeants du Soudan du Sud, il avait lancé au début de l’année l’initiative « Tumaini », réunissant les parties belligérantes afin de s’attaquer aux causes profondes du conflit prolongé dans ce pays. Évoquant la situation en Haïti, M. Ruto a rappelé que le Kenya dirigeait une mission multinationale d’appui à la sécurité. Il a annoncé que malgré des lacunes en termes d’équipement et de financement, le Kenya atteindrait l’objectif de 2 500 policiers sur le terrain d’ici à janvier prochain. Selon le Président, le Conseil de sécurité est « dysfonctionnel, non démocratique, non inclusif, non redevable, autocratique et opaque ». Il a affirmé qu’il excluait 54 pays africains, représentant 1,4 milliard de personnes, tout en permettant à une nation d’opposer son veto aux décisions des 193 États Membres restants. Qualifiant cette situation d’inacceptable, il a appelé à une réforme urgente du Conseil. Il a ajouté que les pays africains travaillaient aussi à réformer l’Union africaine « de fond en comble ».

Insistant sur le lien entre la paix et le développement, il a rappelé que seuls 17% des ODD étaient en passe d’être atteints, et que près de la moitié affichent des progrès minimes ou modérés, plus d’un tiers étant au point mort ou ayant régressé. Outre les nombreuses crises ayant affecté la planète ces dernières années, il a blâmé le manque de financements, d’appui technique et de renforcement des capacités. Il a également dénoncé les « méthodologies biaisées » employées par les agences de notation qui désavantagent les pays africains, entravant leur accès à des financements abordables sur les marchés internationaux. Insistant sur ce point, il a expliqué que de nombreux pays du Sud devaient choisir entre l’achat de médicaments, de manuels scolaires ou le recrutement d’enseignants, et le remboursement de la dette. « On peut se demander ce qui se passe dans la tête de ceux qui donnent la priorité aux rendements économiques plutôt qu’aux personnes, qu’est-il arrivé à l’humanité? » s’est-il interrogé, avant d’appeler à réformer l’architecture financière internationale. Le Président a rappelé que Nairobi accueillerait le mois prochain un forum d’investissement pour les énergies renouvelables en Afrique. Il s’est félicité de la reconstitution de l’Association internationale de développement qui a tenu son sommet à Nairobi au début de l’année, ainsi que du lancement du Club Afrique, une alliance d’institutions financières africaines visant à renforcer la position de l’Afrique dans l’architecture financière mondiale. Source :ONU AG/12530

Réalisé par M. Malick Coulibaly pour Groupe Média Afriquenvironnement.com

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