Arrivé à la mi-journée à Paiporta le roi et la reine d’Espagne, ainsi que le premier ministre Pedro Sánchez, ont écourté dimanche leur visite dans les zones affectées par les dramatiques inondations qui ont fait au moins 217 morts dans le sud-est du pays, après s’être heurtés à la colère des habitants. , commune de la banlieue de Valence parmi les plus touchées par la tragédie du début de semaine. Le cortège royal a été accueilli par des habitants furieux qui s’en sont pris à M. Sánchez et au président de droite de la région, Carlos Mazón, et que les forces de l’ordre ont peiné à contenir.
« Assassins ! Assassins ! », a hurlé la foule à l’encontre du premier ministre et de M. Mazón, qui accompagnaient les souverains. Des habitants ont jeté de la boue et divers objets sur le cortège, alors que fusaient les insultes, selon les journalistes de l’AFP présents sur place.
Au milieu d’une tension extrême, les souverains ont même reçu de la boue – qui ne leur était pas destinée – sur le visage et sur leurs vêtements, une situation inédite dans l’histoire de la monarchie espagnole.
Des cours d’eau, habituellement calmes, se sont transformées, en clin d’œil en torrent, balayant tout sur leurs passages et laissant derrière elles, un bilan bien triste. La nuit du mardi 29 au mercredi 30 octobre a été une nuit d’enfer pour les habitants de Valence. Ceux qui ont survécu ont une dent pourrie contre les autorités de leurs pays. Ils n’ont pas été avertis tôt ou bien trop tard. Une leçon pour les autres pays, et principalement pour les pays africains.
En matière de journalisme, il a un principe cher aux hommes des médias : la loi de proximité. Au nom de celle-ci, l’information la plus proche intéresse plus les auditeurs, lecteurs et téléspectateurs, que ce qui se passe loin de chez eux. A moins que cela provoque une grande émotion. C’est le cas de Valence avec ses mots. Ça n’aura pas le même impact si c’est une seule personne. Mais l’émotion aura une toute autre dimension, si c’est dans son quartier que cela arrive. L‘Espagne est loin, certes, à certains, pas grande chose.
Pour l’inondation du mardi à mercredi, le bilan est de plus de 200 morts pour l’instant. Après les scènes d’horreurs, la polémique et la colère. Certains estiment qu’ils n’ont pas été avertis tôt ou bien plus tard. Cela peut conduire certains responsables devant la justice. En matière d’alerte précoce, c’est une bible, si vous voulez minimiser les impacts liés aux aléas climatiques. J’étais à Porto-Novo, au Bénin un soir, devant mon hôtel vers 20h et il y a eu un violent vent de sable qui a surpris tout le monde. Normalement, je devrais être averti afin de prendre mes précautions. Il y a eu des dégâts mais mineurs. Ça aurait été plus grave comme en Espagne. Le système d’alerte n’a pas fonctionné, du moins chez certains espagnols.
Système d’alerte précoce : une bouée de sauvetage
C’est une sorte de clique conventionnelle ou une sonnerie, connue de tout le monde, et dès qu’il est émit, il faut foncer vers un abri construit au préalable et identifié ou se calfeutrer chez soi. C’est aussi intéressant pour les pays africains parce que ça permet de sauver des vies et des biens. C’est tout un système, il faut avoir des données climatiques, avoir des modèles infaillibles, savoir exactement à quelle moment, jusqu’à quelle minute l’aléa peut se déclencher. Prévoir le minimum dont les populations ont besoin pendant l’aléa et comment les aider à se relever à la fin. La plupart du temps, il est noté qu’en cas d’inondation brusque ou violent, de séisme ou de tornade, les plus grandes plaies, sont observées au niveau des pieds. Dans beaucoup de maisons, les chaussures sont laissées à l‘entrée des chambres et c’est ce que l’eau emporte, d’abord, dès que l’inondation arrive. Dès qu’on part précipitamment, on ne se souvient pas de sa chaussure. Il faut une éducation dans ce sens.
Les populations de Lalo, au Bénin, surprises par la dernière inondation ont dû camper, avec bagages et enfants, au bord du fleuve mono. Ceux qui ont survécu en Espagne ont témoigné qu’ils n’ont jamais vu ça dans leur vie. Certains n’ont pas pris au sérieux la première alerte arrivée autour de 16 h heures locales. Lorsque la seconde alerte est intervenue autour de 23h, ceux qui ont survécu, ce sont ceux qui ont eu plus de chance à cause des cours d’eau qui se sont transformées en torrent. Il y en a qui sont morts dans leurs voitures. L’eau a atteint 3 mètres de haut. De petits torrents ou rivières peuvent devenir fous en un éclair de temps. Si on veut lutter contre les effets du climat, tous les pays africains doivent donner un sens à la mise en œuvre des dispositifs de l’alerte précoce.
Didier Hubert MADAFIME
Journaliste, Expert en gestion des risques et catastrophes
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