Allocution de Son Excellence M. Faustin Archange Touadéra , Président de la Centrafrique tribune de l’ONU.

La République centrafricaine (RCA) est un pays à forte potentialité minière, un petit producteur de diamant où le secteur du diamant reste en majorité artisanal. Elle se concentre surtout sur l’exportation de pierres brutes avec une production de près d’un million de carats de diamant de qualité joaillerie. Des analyses satellitaires géo-spatiales indiquent d’importantes gisements de diamants partout dans le pays.

Lors de sa participation à la 79e Assemblée générale de l’ONU à New-York ; le Président Faustin Archange Touadéra a demandé la levée totale de l’embargo sur le diamant de son pays. Une sanction imposée par le processus du Kimberley: « Pays à forte potentialité minière, la République centrafricaine continuera, je suis persuadé, de bénéficier de vos soutiens pour la levée totale de l’embargo sur les diamants », a déclaré le Président centrafricain à la tribune des Nations-Unies.

En termes de valeur, la Centrafrique ne tire pas profit de cette richesse minière. Les exploitations artisanales, la corruption, l’insécurité et l’absence de transformation locale font que le pays ne contrôle pas les chaînes de valeur du diamant avec l’existence d’un service certification.

En conséquence, la production artisanale de diamant n’apporte pas suffisamment de ressources et génère peu de revenus. Afin de relever le défi, le pays a besoin d’un cadre légal pour moderniser le code minier, contrairement aux autres pays africains producteurs de diamant qui font la transformation pour une valeur ajoutée transactionnelle sur le marché mondial.

Pour rappel, la levée partielle de l’embargo des 8 zones sur les 24 zones de production de diamants a permis de renflouer les caisses publiques de l’Etat centrafricain. En 2021 par exemple, le pays a exporté plus de 100.000 carats de diamants bruts pour un montant de plus de 11 millions de dollars.

Cette intervention du Chef d’Etat centrafricain à cette grand-messe de l’ONU intervient après la nouvelle loi du code minier Centrafricain, qui rend le secteur plus attrayant et permettra à l’Etat d’engranger des ressources en passant à l’industrialisation.

Faustin Archange Touadéra a d’abord salué la levée totale de l’embargo sur les armes à destination de la République centrafricaine et a espéré la levée totale de l’autre embargo qui pèse sur le diamant centrafricain : « Le 30 juillet dernier, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a décidé de la levée totale de l’embargo injuste, illégitime et inique sur les armes, imposé aux Forces Armées Centrafricaines et qui a causé au pays, une décennie durant, tant de préjudices irréparables. Du haut de cette tribune, j’exprime la gratitude du peuple centrafricain au Conseil de Sécurité des Nations Unies pour cette sage décision qui, quoique tardive, permet à mon pays de poursuivre ses actions en faveur du rétablissement de la paix et de la sécurité nationales … Pays à forte potentialité minière, la République Centrafricaine continuera, je suis persuadé, de bénéficier de vos soutiens pour la levée totale de l’embargo sur les diamants, imposé par le Processus de Kimberley et qui limite son action pour la paix, le développement durable et la dignité humaine des générations présentes et futures. », a-t-il espéré.

Les conflits dans le monde

Ukraine-Russie, Israël-Hamas, les conflits au Soudan et l’Est de la RDC, Faustin Archange Touadéra a énuméré chaque situation, brandissant le dialogue comme seul moyen de résolution de ces conflits : « Notre 79ème session se tient dans une situation mondiale très turbulente, minée par des crises géopolitiques croissantes : les guerres entre la Russie et l’Ukraine, entre l’Israël et le Hamas, au Soudan et à l’Est de la République Démocratique du Congo, le terrorisme, la détérioration des conditions économiques qui étouffent la croissance en Afrique, la hausse des prix des carburants. Convaincue que seul le dialogue peut mettre durablement fin à un conflit, la République Centrafricaine exhorte les parties en conflit dans les différentes régions du monde à privilégier le dialogue et la diplomatie afin de trouver une solution à tous les désaccords… »

Assurance sécuritaire en prélude aux élections locales

Les élections locales étant prévues en avril prochain, le président centrafricain espère réussir le pari sécuritaire : « En République Centrafricaine, la situation sécuritaire au cours de l’année 2024 est relativement stable », dit-il, poursuivant que « Le pays se prépare à renforcer son ancrage démocratique par l’organisation prochaine des élections municipales et régionales, jamais réalisées depuis quatre décennies. » Et pour réussir ce pari, « des mesures spéciales sont prises pour mettre hors d’état de nuire les groupes armés résiduels qui, ne pouvant plus contrôler une portion du territoire, se livrent à des actes de grand banditisme, à l’exploitation illégale ainsi qu’au trafic frauduleux des ressources naturelles… », a rassuré Faustin Archange Touadéra.

Le nouvel ordre mondial

« Le monde se rapproche dangereusement du gouffre », alerte Faustin Archange Touadéra du haut de la tribune des Nations-Unies. Pour lui, l’architecture actuelle de paix et de sécurité de l’ONU est soumise à des pressions énormes. Et les raisons invoquées par l’Afrique pour soutenir sa demande légitime de réforme du Conseil de Sécurité et d’un droit de veto sont irrésistibles.

Si les Etats-Unis d’Amérique soutiennent la création de deux sièges permanents pour l’Afrique au Conseil de Sécurité et d’un siège tournant pour les petits pays insulaires en développement, pour Faustin Archange Touadéra, « cette proposition est certes louable. Mais au regard de l’évolution du monde, l’Afrique, longtemps laissée de côté, ne doit se complaire dans une telle proposition qui ne peut s’analyser autrement que par un déni perpétuel du droit de veto ».

Sur les promesses de lutte contre le changement climatique

Si l’année dernière le président centrafricain a dénoncé l’inégale répartition du financement alloué à l’atténuation des effets du changement climatique, Faustin Archange Touadéra s’en prend cette année aux promesses restées vaines : « les promesses de financement en faveur des pays vulnérables tardent à prendre forme et les mesures d’atténuation prises à l’occasion des COP face à la montée inquiétante de la température changent comme la météo, au gré des intérêts politiques, géopolitiques et géostratégiques des grandes puissances », martèle-t-il tout en déplorant le fait que les pays en développement sont seuls aujourd’hui et impuissant face aux défis environnementaux qui ont des répercussions sur leurs économies.

Faustin Archange Touadéra a terminé son intervention en vantant le Plan national de développement récemment validé et qui doit faire l’objet d’un appel de fonds pour sa mise en œuvre.

Radio Ndeke Luka

Article précédentAllocution de Son Excellence M. Alexander De Croo, Premier Ministre de la Belgique à la tribune de l’ONU.
Article suivantAllocution de Son Excellence M.Gustavo Petro Urrego, Président de la Colombie à la tribune de l’ONU.