Allocution de Son Excellence M. Luiz Inácio Lula da Silva, Président du Bresil à la tribune de l’ONU.

M. LUIZ INÁCIO LULA DA SILVA, Président du Brésil, a souligné l’alarmante escalade des tensions géopolitiques et des rivalités stratégiques.  « Le recours à la force, en contradiction avec le droit international, est devenu la norme. »  Nous sommes les témoins de deux conflits concomitants qui pourraient se transformer en déflagration généralisée, s’est-il inquiété.  Il a condamné l’invasion du territoire ukrainien, en ajoutant qu’aucune des parties à ce conflit ne pourra atteindre tous ses objectifs par des moyens militaires.  Il a jugé crucial de créer les conditions pour une reprise d’un dialogue direct entre les deux parties.  « C’est le message des six points de convergence que le Brésil et la Chine ont proposé pour un retour au dialogue et une cessation des hostilités. »

Le Président a ensuite évoqué la grave crise à Gaza et en Cisjordanie qui est en train de s’étendre au Liban.  « Ce qui a commencé comme une action terroriste perpétrée par des fanatiques contre des civils israéliens innocents est devenu un châtiment collectif pour l’ensemble du peuple palestinien. »  Le droit de se défendre est devenu un droit de se venger, empêchant ainsi un accord pour la libération des otages et différant tout cessez-le-feu, a tranché le Président.

Il a ensuite abordé la crise climatique et le réchauffement climatique, « qu’il est impossible de nier ».  L’année 2024 devrait être l’année la plus chaude de l’histoire moderne, a-t-il dit, en signalant que le sud du Brésil a connu ses pires inondations depuis 1941. Il a précisé que son pays a, l’année dernière, diminué de 50% la déforestation de l’Amazonie, dans l’objectif de l’éradiquer d’ici à 2030.  Il a aussi rappelé que le Brésil accueillera en 2025 la COP 30, se disant convaincu que seul le multilatéralisme permettra de surmonter l’urgence climatique. Le Président a estimé qu’il est temps de discuter de la lenteur avec laquelle la planète se décarbonise et d’œuvrer à une économie qui soit moins dépendante des énergies fossiles.

Le Président Lula a détaillé les efforts de défense de la démocratie dans son pays face aux attaques extrémistes, messianiques et totalitaires qui nourrissent la haine, le ressentiment et l’intolérance.  « C’est au nom de la démocratie que les Brésiliens ont vaincu les dictateurs et les tyrans qui ont essayé de saper les institutions et de les mettre au service de leurs intérêts réactionnaires. »  Dans un monde globalisé, cela n’a pas de sens de miser sur des « patriotes et isolationnistes défroqués », a tranché le Président brésilien.

Poursuivant son discours, le Président brésilien a fait remarquer que l’accès aux ressources financières demeure prohibitif pour de nombreux pays.  Le coût de l’emprunt des pays africains est près de huit fois supérieur à celui de l’Allemagne et quatre fois supérieur à celui des États-Unis, a-t-il déploré.  « C’est un Plan Marshall à l’envers, les plus pauvres finançant les plus riches. »  Il a appelé à une plus grande participation des pays en développement au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale.  La fortune des cinq premiers milliardaires dans le monde a plus que doublé depuis le début de la décennie, tandis que 60% de l’humanité est devenue plus pauvre, a-t-il alerté.  « Les super-riches paient proportionnellement moins d’impôts que la classe ouvrière. »  Afin de remédier à une telle anomalie, le Président a défendu une coopération internationale afin de mettre en place une imposition internationale minimale.

Enfin, il a proposé plusieurs pistes de réforme de l’ONU, en demandant que le Conseil économique et social (ECOSOC) devienne le principal forum de discussion de développement durable et de la lutte contre les changements climatiques, avec une réelle capacité à influer sur les institutions financières.  L’Assemblée générale devrait être revitalisée et la Commission de consolidation de la paix renforcée, a-t-il aussi recommandé.  Le fait qu’il n’y ait pas de pays d’Afrique et d’Amérique latine siégeant de manière permanente au Conseil est inacceptable, a encore jugé le Président.  « Je ne me fais pas d’illusions sur la complexité d’une réforme comme celle du Conseil, avec des intérêts en faveur du statu quo bien établis. »  Cela va exiger un effort de négociation considérable, mais c’est notre devoir, a-t-il conclu. Source :ONU AG/12530

Réalisé par M. Malick Coulibaly pour Groupe Média Afriquenvironnement.com

Sourcewww.afriquenvironnement.com
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